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A la conquête de Super-Besse – 10/12/17

A la conquête de Super-Besse – 10/12/17

Une Course apocalyptique, dantesque, cruelle, douloureuse, folle, déraisonnable, insensée, extravagante et pourtant !

C’est toujours la même chose, après l’évènement je cherche  ce qui m’a poussée à m’inscrire à un truc pareil. Mais oui, je le sais c’est le Sancy un mois plus tard, le 14 janvier 2018 . Histoire d’avoir un avant-goût de la situation, un truc comme  « pour cette fois ça ne compte pas c’est un essai » !

Déjà, avant même de m’y jeter je cherche le parcours, le profil, et bien rien sur ce sujet jusque tard dans le calendrier. D’ailleurs pour ma part je n’avais pas calculé que ça allait monter plus que ça ne descendait (mais pas tant que ça ne vous moquez pas il y avait 1000 de D+ 700 de D-), je n’avais pas calculé que n’étant pas en boucle il fallait  aussi avoir la bonne logistique entre les vêtements laissés d’un côté puis de l’autre du parcours, par contre ce qui relevait de la nourriture, de la boisson et de l’équipement avait retenu toute mon attention.  Je pensais être prête pour prendre « l’assaut de Besse » !

C’est donc momifiée par 4 couches de vêtements en haut, 2 épaisseurs de pantalons, des chaussettes de ski, 2 paires de gants, bonnet et super Kway que je me suis mise à courir. Et bien riez, oui j’étais lourde car j’oublie les chaines aux pieds, les bâtons, le sac à dos, mais j’étais bien au chaud dans ma bulle.

Avant le départ, au petit café personne ne pense déclarer forfait, on est bien bredins tous (à force de faire la brelos) , c’est un drôle de club ce Bac.

Sous l’arche c’est l’annonce de tous les dangers par l’organisateur (d’habitude on part avec «  bonne course », là ça ressemble plus  à  « vous ne reviendrez pas tous ! »), sous une pluie battante, pas le crachin Breton, un truc qui te mouille bien avec des bourrasques de vent pour accompagner le tout, et concernant la température : celle d’une station de ski en hiver !

Et dès le départ assez mauvaises sensations pour moi, le cœur va trop vite et ne redescend pas, les côtes sont en escaliers on pourrait penser que cela va passer et que les entrainements devraient payer (Audrey d’habitude j’encense tes méthodes, moi qui grimpait les gradins sans difficulté je suis nulle sur les petites côtes, mais que se passe-t-il ?).  J’ai même du mal à respirer de façon régulière et calme.

Je devais vraiment être trop lourde car même sur le faux plat la relance est très  dure. Je regarde ma montre pour la première fois au bout de 6 kms, j’ai l’impression que ça fait une éternité que je cours. Je voyais que je n’avançais pas, le  froid  ne m’a pas envahie, mais pas de jus.

Je ne vois rien du paysage, j’observe juste mes pieds pour éviter les trous, lever les jambes devant les obstacles. Je sais à peu près par où passe le parcours mais je n’ai pas de repères, et je déteste ne pas savoir où j’en suis, où je me trouve (c’est une course qui remet en question ma pratique habituelle, j’ai le temps de philosopher avec moi-même et après tout c’est surement un signe pour vérifier mon adaptation à autre chose que le chemin tout tracé !).

Je regarde les autres, aussi lents que moi, celui de devant il est encore plus Brelos il est en short. Je l’ai ensuite perdu et dans toutes les zones où nous nous sommes enfoncés à mi mollet dans la boue j’ai bien pensé à lui. Ceux qui doublent, j’examine leurs chaussures  sans chaines (je suis obnubilée par mes chaines, trop lourdes à mon sens, et pourtant elles m’éviteront bien des chutes),  bravo à eux ils ont le pas sur et léger.

Je me dis, tant pis ce sera une course pas folichonne, donne ce que tu peux, c’est un essai pour le Sancy (quel essai !).

Dans ces situations mon cerveau  s’évade, je pense à ceux qui auraient voulu être là et n’y sont pas, je ne sais pas pourquoi je pense à ma cousine Triathlète qui  pourtant n’aurait pas voulu être à ma place et qui va me demander si le chemin était stable, si je ne perds pas la raison à faire des trucs pareils. Je me dis : elle qui est si bonne en triathlon, elle aurait déjà fait déplacer les secours pour être récupérée (le froid, la pluie,  le sol très glissant, boueux et plein de trous, les yeux fermés pour courir, tout ce qui la perturbe), finalement je me dis il faut penser à quelqu’un d’autre plus engagé qui te soutiendrait, je me tourne vers mon cousin pompier, lui, il a  un deal de course avec moi, c’est le bon. Il va m’accompagner dans cette course, je la lui raconterai.

Bon gré mal gré j’avance, mon cerveau passe en revue  tous les encouragements reçus antérieurement et c’est le côté positif qui refait surface, heureusement car le froid se fait plus vif, j’atteins une plaine dégagée et c’est de la pluie en micro-glaçons de grésil qui me cingle le visage.

J’ai  régulièrement bu et mangé aussi je me sens un peu mieux, ayant dépassé le stade de l’échauffement qui pour moi est très long, je suis assez diesel, je sens enfin que je m’y mets !

Au 15 kms ça y est je suis prête à vraiment courir, ma montre me le confirme, je suis dans ma course c’est sur je vais finir et je commence à remonter et doubler. Un signaleur me baragouine un truc (au passage chapeau à eux car ils se sont gelés pour nous en étant statiques toute une matinée) que je ne comprends pas mais tant pis. (je le comprendrai au lac Pavin !)

En arrivant  au lac Pavin (17.5 kms en 2h47 il n’y a qu’à voir la lenteur)  il fallait entrer dans la salle hors sac pour le ravito, je tente d’éviter le ravito et cherche mon chemin. Un signaleur m’apostrophe « il faut entrer Madame », je lui réponds « non je ne veux pas m’arrêter ». Il a cru que je m’opposais au principe de l’arrêt forcé et moi je ne comprenais pas qu’on nous arrêtait officiellement (dialogue de sourd). Je me range bien évidemment aux consignes et je retrouve mes compagnons du bac.

L’annonce qui nous est faite est que la météo continue à se dégrader et qu’en plus de la pluie et du froid il y désormais le brouillard qui se lève. Le trail dans son expression la plus ingrate.

Je vois effectivement l’impact de la météo sur les concurrents bloqués dans ce sas.

J’ai cru ne pas reconnaitre les  2 momies ferreiro (Jean Daniel et Benjamin) entortillées dans leur couverture de survie comme la moitié de la salle d’ailleurs. C’était décoration de Noël avant l’heure. Toutes ces grandes papillotes brillaient. Les pauvres ils étaient transis.

Après un certain temps on nous annonce qu’on va venir nous chercher en car, mais le car ne pouvait pas monter jusqu’à la salle. Nous voilà repartis à courir en direction du car, c’était beau toutes ces momies en train de courir. Et il pleuvait toujours !

A l’arrivée à la station de Super Besse on retrouve la bande du Bac, il y a les fortiches qui ont réussi à passer dans les 50 premiers et qui ont pu faire le parcours en entier et les comme moi qui à défaut d’avoir été retenus par la barrière horaire ont été  coincés par la barrière météo. Sur le parcours du 15 kms l’essentiel des concurrents a pu faire la course, mais nos échanges sur le vécu de course est le même (conditions très très difficiles tant au niveau du sol très glissant, que de la pluie pénétrante et glaçante sur la durée, le tout sur un parcours plein de trous et d’irrégularités de tout ordre). Il faut dire que nous étions au nombre de   25  du bac sur les 3 parcours, une très belle représentation comme d’habitude sur les courses régionales.

Bravo à vous tous :  Les backeurs et backeuses ont bravé la météo, dépassé les difficultés, joué pour certaines avec le terrain glissant transformant une contrainte en activité ludique (toboggan), ils/elles se sont relevés de chutes à répétition, et enfin transis s’en sont retournés …. Non la fin est meilleure

La suite, et bien celle de toutes les courses : la douche méga chaude bienvenue, la bière, les crêpes ou la truffade et la rigolade.

Une pensée pour celles et ceux qui l’ont vécue de façon plus cruelle, avec douleur et déplaisir.

Je pense avoir eu les bons arguments pour vous convaincre de la faire ou  refaire l’année prochaine. Pour ma part n’ayant pas appréhendé les choses correctement, ni apprécié l’environnement à sa juste valeur, j’ai déjà réservé mon dossard !

Patricia Damiens

A propos de BAC

Un commentaire

  1. Et bien quelle épopée! Bravo pour l’implication et le dépassement, et bravo au Bac pour sa participation!

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