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Trail de Mur – 24 juin 2017

Trail de Mur – 24 juin 2017

Version féminine

Un regroupement du bac d’une douzaine de personnes sur cette édition, parité non respectée car nous n’étions que 4 filles.  Ingrid et Maryline sur le 7 kms (avec un excellent temps pour Maryline qui gagne 12 minutes sur ce format par rapport à l’année dernière) et Armandine et moi-même (Patricia D) sur le format 14 kms.

Avant le départ comme d’habitude le groupe se met en condition et échange autour de ce qui va faire que nos courses seront bonnes ou très bonnes (allez au bac c’est toujours  du positif) :

  • Le dernier repas, il y avait ceux qui avaient trop mangé, ceux qui avaient le ventre lourd et les autres. J’ose à peine dire que mon dernier repas est celui de midi et que prise de remords à prendre une course à 21h30 sans manger je n’avale pas une mais 2 bananes avant de partir. C’est surement une mauvaise idée mais….
  • Ceux qui avaient sommeil et celle qui avait fait la sieste de l’après midi
  • La chaleur, l’eau, les vêtements à mettre…
  • Et puis quelques photos tant que nous avons encore le sourire

En fait cette course c’était une proposition d’Armandine, l’idée de mercredi soir. Ayant toujours eu des contraintes sur les éditions antérieures j’accepte. Le temps est parfait, l’ambiance est bonne, le paysage superbe, il n’y a plus qu’à….

Pour ma part je n’ai jamais couru de nuit, je quitte mes lunettes car avec la frontale ça fait un faisceau de brouillard plus gênant qu’autre chose, mais je suis impatiente de voir ce que ça donne. Armandine me signale tout de suite qu’elle a mal au dos, un point qui la gêne à la respiration, et qu’elle rebroussera chemin si elle ne peut pas me suivre.

Le top départ est lancé et déjà ça s’emballe, Armandine me devance, elle souffre dès le début. Au troisième km on s’aligne et elle me suit, sa respiration me fait mal, elle s’accroche et me demande de caler le rythme. Alors on y va comme ça, elle a les jambes mais une très petite amplitude respiratoire, elle se cramponne. Au premier ravito je sens qu’il faut que je la pousse car on a presque fait la moitié alors ce n’est plus la peine d’envisager de faire demi-tour.

Je tente d’accélérer, elle s’accroche, on double et même en côtes elle ne lâche rien, je l’attends au sommet et on repart.  On pense à voix haute à nos entraineurs, suivant scrupuleusement leurs conseils.

Sur le format 14 km, il y avait une surprise, très habituée aux surprises d’Audrey je pense à elle c’est sûr, telle une fée, elle va sortir des bois et nous dire « allez  maintenant vous faites une chaise pour 1minute30, ou des squats, les trucs qu’elle aime bien nous inventer » . Et bien non, ce n’est pas Audrey qui sort des bois devant moi mais le diable en personne avec une faux !  Audrey  pourras-tu à l’avenir varier tes surprises et nous proposer des trucs ludiques avec dragons, loups et sorcières pour appréhender la gestion de la peur ?!

Armandine est derrière, je la protège du diable menaçant (non je vous assure j’ai gardé toute ma lucidité tout au long du parcours), ce n’est pas la peine de lui faire tourner le sang en plus de la douleur, je ne veux pas la perdre. Nous sommes dans ce Canyon qui semble avoir été ouvert à la machette et, pour ce single sinueux nous devons nous cramponner aux cordes. C’est tout noir, nous sommes seules et il y a peut-être des loups garou (je suis toujours lucide et je n’ai que de l’eau dans ma gourde, sur cette portion j’en profite pour faire un bout de film pour Audrey)… Je lui signale ne pas souhaiter être seule sur ce passage, elle me répond « moi non plus et là j’en peux plus je marche ». Je la laisse se reposer et je me dis il reste 5 kms on a un  bon temps jusqu’à présent,  on doit pouvoir passer en dessous de 1h30 je lui dirai une fois sorties du bois. On termine par un petit pierrier et là tel un vrai petit soldat, je propose le 1h 30,  elle me dit » allez on y va » !

Il fallait faire attention avant de me dire ça, au bout de 50 minutes c’est le moment où pour moi  ça va très bien,  aussi je la félicite tout du long car on se prend les descentes  de façon dynamique, on double et pourtant elle souffre (je le sais même si elle ne dit rien, je l’entends respirer). Je m’en inquiète,  mais elle me dit je te suis, alors … j’avance, je suis en excellente forme aussi je redoute de l’amener dans le rouge. Je sens qu’elle veut le finir ce trail, qu’elle a la mesure des efforts que son organisme accepte, aussi je lui fais confiance.

Deuxième ravito : pas le choix de se poser car je crains de la laisser sur place (elle me le confirmera plus tard) et on garde un bon rythme, je baisse la vitesse car elle faiblit mais elle veut tellement y arriver que c’est sûr, nous allons faire une course commune tout du long, ce sera sa course. On double 2 gars :  Eric qui tracte Patrice. On fait un bout de chemin ensemble et puis on les lâche avant Mezel. J’entre dans les caves avec Armandine sur mes traces, je sors des caves : personne. J’attends, les 2 gars sortent des caves, alors qu’ils étaient bien distants de nous. On nous avait enlevé Armandine ! Je rebrousse chemin pour la récupérer, elle arrive toujours courageuse avec le sourire même si ça fait  mal.

Et il reste plus que 2 kms, on va rattraper les 2 gars c’est notre deal, elle reprend du jus on les double, Patrice est cuit. Je l’encourage lui aussi, il nous double à nouveau … Et puis c’est la ligne d’arrivée on la passe ensemble à  1h35, ravies  et émues de cette course en duo. C’est elle la plus courageuse, car finir 17 ème féminine sur 53 dans l’état où elle était et bien bravo, tenace et téméraire sur toute la longueur, elle mérite les félicitations. On s’est accordées à dire qu’on tenterait le 23 KMS l’année prochaine.

Ce fut une belle épreuve sportive et surtout humaine,  j’ai  plus apprécié d’impulser Armandine que de me braquer sur le 1h30 qui était peut  être jouable. Ce qui est certain,  c’est que réciproquement on se souviendra de cette belle course ensemble alors que notre chrono sera déjà passé dans les oubliettes. Audrey : ne m’en veut pas je n’ai pas été très compétitrice mais on ne se refait pas. Par contre tu peux retenir que ton entrainement paie, pas un pet de jeu de ce matin, pas de douleurs, prête à repartir….

Personnellement j’en retiendrai aussi  que courir la nuit c’est plutôt fun avec perte des repères dans l’espace, sensibilité nouvelle aux divers bruits ambiants, difficulté à appréhender le terrain de façon sécure, une façon de sortir de sa zone de confort…

Et la morale de cette histoire, vous l’avez trouvée ? Pour faire une bonne course de nuit inutile de se prendre la tête avec les repas : 2 bananes suffisent !

Il  fallait le savoir.

Patricia Damiens

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